Paule Pignet
Paule Pignet[Note 1], née Paule Jaubert le à Aix-en-Provence et morte le à Lunel, est une avocate et la première bâtonnière française.
Biographie
    
    Jeunesse et famille
    
Paule Henriette Julia Jaubert naît en 1889 à Aix-en-Provence, fille d'Henri Joseph Jaubert, sous-préfet de Barcelonnette mort six mois avant sa naissance, et d'Anne Marie Antoinette Royère[1]. Cette dernière s'étant remariée en 1894, Paule Jaubert va vivre chez les Gras, son oncle et sa tante[2],[3]. Au gré d'une mutation d'Adolphe Gras, ingénieur des ponts et chaussées, la famille s'établit en 1900 à La Roche-Sur-Yon[4]. Paule Jaubert y fait sa scolarité secondaire.
En , elle épouse à La Roche-Sur-Yon René Gaston Pignet, professeur agrégé d'allemand au lycée[5]. Enrôlé comme lieutenant dans le 2e régiment d'infanterie, il meurt à la guerre le , à Saint-Laurent-Blangy[6],[7]. Paule Pignet accouche de leur fils Henri trois semaines plus tard[8].
Parcours
    
Veuve moins d'un an après son mariage, Paule Pignet reprend des études à la faculté de Poitiers et obtient une licence de droit[9]. En 1919, elle s'inscrit en tant qu'avocate au barreau de La Roche-sur-Yon. Sur la question de sa vocation, elle confiera plus tard dans une interview : « C'est-à-dire que j'avais fait des études de droit, j'ai travaillé pour occuper mes loisirs. »[10] Recrutée comme secrétaire par Me de Lathébeaudière[Note 2], avocat et futur bâtonnier de l'Ordre des avocats de la ville, Paule Pignet reprend le cabinet à son décès, en 1931[12]. Elle plaide en correctionnelle et en cour d'assises dans de nombreux tribunaux de la région[13].
En 1933, à l'âge de 44 ans, elle est à son tour élue bâtonnier, une première pour une Française, depuis que les femmes ont accédé au barreau en 1900. Son élection est saluée dans la presse — qui hésite à l'appeler « bâtonnier » ou « bâtonnière »[14] — et dans sa profession, notamment par sa consœur avocate Suzanne Grinberg[9]. Elle poursuit son mandat jusqu'en 1935, puis est réélue en 1939[15],[16].
En , à l'issue de la guerre, le journal Combat informe dans une rubrique consacrée à l'épuration que « Paule Pignet, avocate et ancien bâtonnier du barreau de La Roche-sur-Yon, a été condamnée à la dégradation à vie par la Chambre civique de Poitiers. »[17]. Le motif de la sanction n'est pas précisé. La même année, deux ordonnances successives des tribunaux de La Roche-sur-Yon[Note 3] et de Saintes placent sous séquestre ses biens, droits et intérêts[18],[19].
Dans les années 1950, Paule Pignet s'établit à Toulon où elle devient cheffe de contentieux pour la Société provençale de contre-assurance (P.C.A.) et le reste jusqu'à sa retraite[2]. Retirée à Lunel, elle meurt en 1970, à l'âge de 80 ans[1].
Notes et références
    
    Notes
    
- Elle est parfois appelée Paule-René Pignet, René étant le prénom de son mari.
 - Né Louis Hamon Delathébeaudière à Nantes, le [11].
 - Le texte du Journal officiel du indique qu'il s'agit du tribunal de La Rochelle et que Paule Pignet vit « à La Rochelle, 5 rue Aixo », mais il s'agit plus probablement du tribunal de La Roche-sur-Yon et de la rue Haxo à La Roche-sur-Yon.
 
Références
    
- Acte de naissance no 249, , Aix-en-Provence (avec mentions marginales de mariage et de décès), Archives départementales des Bouches-du-Rhône
 - Dominique Piau, « Paule Pignet (1889-1970), première femme bâtonnier en France, un singulier destin », sur Le blog de Maître Dominique Piau, (consulté le )
 - Recensements de population, La-Roche-sur-Yon (rue Victor-Hugo), , , Archives départementales de Vendée
 - Patrick Guyomard, « Paule Pignet, première dame bâtonnier en France », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
 - Acte de naissance no 10, , Rochefort (avec mentions marginales de mariage et de décès, Archives départementales de la Charente-Maritime
 - « René Gaston Pignet - Mémoire des Hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
 - « Ministère de la Guerre », sur Gallica, Journal officiel de la République française. Lois et décrets, (consulté le ), p. 15101
 - « Mariage », sur Gallica, Concours médical, (consulté le ), p. 1542
 - Suzanne Grinberg, « Mme Pignet, bâtonnier », sur Gallica, La France judiciaire, (consulté le ), p. XII
 - « Une femme est nommée bâtonnier de l'Ordre des avocats à La Roche-sur-Yon », sur Gallica, L'Ouest-Éclair, (consulté le ), p. 4
 - Acte de naissance no 444, , Nantes, Archives municipales de Nantes
 - Jean Appleton, « Madame Paule René Pignet », Journal des annonces judiciaires et légales, ? 1933, p. 1-2 (lire en ligne)
 - Emmanuel Pierrat, « À chacun sa robe », Juriste international, no 4, , p. 38 (lire en ligne)
 - « Mme Pignet », sur Gallica, L'Ouest-Éclair, (consulté le ), p. 1
 - « Une femme avocate devient bâtonnier », sur Gallica, La Croix de Tarn-et-Garonne, (consulté le ), p. 1
 - « Le tour du cadran », sur Gallica, Paris-midi, (consulté le ), p. 4
 - « L'épuration », sur Gallica, Combat, (consulté le ), p. 2
 - « Par ordonnance du ... », sur Gallica, Journal officiel de la République française. Lois et décrets, (consulté le ), p. 3826
 - « Par ordonnance en date du ... », sur Gallica, Journal officiel de la République française. Lois et décrets, (consulté le ), p. 637
 
Liens externes
    
- Portail du droit
 - Portail de la France
 - Portail des femmes et du féminisme