Marie Closset
Marie Closset, en littérature Jean Dominique, née à Bruxelles le [1] et morte à Uccle le , est une poétesse belge.
Biographie
    
    La poétesse libertaire
    
Marie Closset est née à Bruxelles le [2] dans une famille modeste. Elle perd son père et vit chez sa grand-mère et sa tante à Mons. Elles sont directrices d'école et elle apprend auprès d'elles la poésie. Puis, plus tard, elle devient régente à l'école rue du Marais et enseigne à l'école de la pédagogue féministe Isabelle Gatti de Gamond[3].
Elle publie ses premiers poèmes dans L'Art Jeune en 1895, puis sous le pseudonyme masculin de « Jean Dominique » à partir de 1899. Elle s'affranchit de règles de poésie avec l'usage de vers libres notamment[3].
Avec ses deux amies Blanche Rousseau et Marie Gaspar (?-1951), elle vit à Bruxelles et est professeure de lettres[4]. Elle fonde des écoles dans la banlieue bruxelloise : une école à Ixelles en 1912 appelée l'Institut de culture française, puis en 1924 à Uccle[3]. Elle est proche des milieux anarchistes et libertaires, notamment du peintre belge Théo van Rysselberghe[4], et cherche à créer une école moins élitiste que celle de Gatti de Gamond, « un enseignement alternatif, plutôt axé sur la culture, pour permettre aux filles d'embrasser une carrière artistique »[3].
Les trois amies sont surnommées les Peacocks (« les Paons »)[4]. Elles vivent leur vie ensemble. « Il s’agit très certainement d’amours lesbiens, mais cela ne se disait pas à l’époque »[3].
Pionnière de l'éducation
    
Après la Première Guerre mondiale, Marie Closset se consacre davantage à son école, donne des conférences, rédige des articles et mentore des poétesses[3].
Elle se rapproche alors de la poétesse américaine May Sarton aux activités similaires dont elle devient l'amie, muse et mentor[5]. Celle-ci s'en inspire dans son premier roman, The Single Hound, et l'évoque dans ses mémoires A World of Light: Portraits and Celebrations[6] qui traite notamment d'homosexualité féminine. Elles tiennent une correspondance sur plusieurs décennies[3].
Marie Closset a collaboré au Mercure de France pour quatre recueils avec le soutien de Van Rysselberghe et l'écrivain Émile Verhaeren[6]. L'un de ses poèmes, Le Don silencieux, extrait de L'Anémone des mers (Paris: Mercure de France, 1906) a été mis en musique par Gabriel Fauré[7] (opus 92), et Gabriel Grovlez (1879-1944) a mis trois de ses poèmes en musique en 1911.
Elle est considérée par la metteuse en scène Viviane Wansart comme « un peu pionnière de l’auto-fiction, qui est aujourd’hui popularisé par Annie Ernaux ». Ses écrivent détaillent le vieillissement, la perte de facultés intellectuelles et le ressenti lié à ces phénomènes[3].
Elle collabore aussi avec la revue L'Art moderne[8].
Elle meurt le dans la précarité et tombe dans l'oubli. Elle n'a pas de descendance[3].
Œuvres
    
- Un goût de sel et d’amertume…, Bruxelles, Lacomblez, 1899
 - Les Fleurs légendaires du pays du ciel, 1901
 - L'Ombre des roses, Poèmes suivis du Gilles en blanc, Bruxelles, Éditions du Cyclamen, 1901
 - La gaule blanche, Mercure de France, 1903
 - L'Anémone des mers, Paris: Mercure de France, 1906
 - L'Aile mouillée, Mercure de France, 1909
 - Le Puits d'azur, Paris, Mercure de France, 1912
 - Le Vent du soir, Liège, Bénard, 1922
 - Sable sans Fleurs, Poèmes en prose. Bruxelles (?), La Nervie, 1925
 - Une syllabe d'oiseau, Souvenirs. Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1945[9]
 - Poèmes choisis, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1955
 - Les Enfants et les Livres, Éditions du Masque, Bruxelles, 1911
 
Bibliographie
    
- Jacqueline Dalcq Depoorter, « Les trois Dames d’Uccle », Ucclensia, no 260, , p. 3-13 (lire en ligne).
 
- Vanessa Gemis, « Socialisation genrée et création littéraire : les récits autobiographiques de Jean Dominique et Blanche Rousseau », COnTEXTES, no 15, (lire en ligne, consulté le ).
 
- Patricia Izquierdo, « Jean Dominique : des influences au silence (analyse du péritexte) », Sextant : Revue du groupe interdisciplinaire d'études sur les femmes, nos 17-18 « Poésie », , p. 149-168 (lire en ligne).
 
- Pierre Van Den Dungen, « Parcours singuliers de femmes en lettres : Marie Closset, Blanche Rousseau et Marie Gaspar. Des cours d’éducation d’Isabelle Gatti de Gamond à quelques expériences éducatives buissonnières », Sextant, nos 13-14 « Femmes de culture et de pouvoir », , p. 189-209 (lire en ligne).
 
Postérité
    
- Théo van Rysselberghe, La Promenade (tableau), 1901, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles : femme au premier plan
 - Pièce de théâtre biographique Le Banquet de Jean Do, 23/11/2022 au Senghor, metteuse en scène Viviane Wansart et la Compagnie de la cour
 
Liens externes
    
    
Notes et références
    
- La date de naissance est établie : LB et PvD, "Marie Closset", dans : Dictionnaire des femmes belges XIXe et XXe siècles, Bruxelles : Racine, 2006, pp. 110-112 et Biographie Nationale de Belgique, tome XXXV, col. 194-202.
 - Certains ouvrages donnent l'année erronée 1875. La Biographie Nationale a établi la date exacte.
 - « Quand le théâtre répare l’oubli : Jean Dominique, immense poétesse belge ressuscitée sur les planches », sur RTBF (consulté le )
 - Courte biographie
 - May Starton
 - Mercure de France
 - données BNF
 - « De Plume En Plume », sur De Plume En Plume (consulté le )
 - Revue de la quinzaine, Mercure de France
 
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